La co-fondatrice

Le rôle de Mère Placide Van der Gauwen ne peut pas être sous-estimé, particulièrement dans le domaine de la vie religieuse. Il est vrai qu’elle est moins bien connue que P.J. Triest. C’est dû en partie au fait que les Sœurs ont effectué leur tâche de façon anonyme et que l’on a très rarement attiré l’attention sur une Sœur en particulier, fût-elle supérieure. En outre, selon la façon de considérer les choses dans la société, à cette époque, les femmes étaient facilement reléguées à la deuxième place.

Maria-Thérésa Van der Gauwen est née à Etikhove le 16 janvier 1769 d’une famille de fermiers aisée. On connaît peu de choses de ses premières années ou de son éducation. Selon toute probabilité elle a reçu une bonne éducation avant d’entrer au couvent. Il semble clair qu’elle ait été novice dans l’abbaye cistercienne de Maagdendale près d’Audenarde jusqu’à ce que les bouleversements politiques et religieux la forcent à quitter le couvent. Elle a connu de près les conséquences de la révolution et s’est rendue compte de la grande pauvreté et de la souffrance qui l’entouraient. Beaucoup de gens frappés de maladies incurables ne recevaient ni aide ni soulagement. Des malades mentaux, hommes et femmes, étaient enchaînés dans des asiles psychiatriques. La délinquance parmi les jeunes, l’abandon des enfants et la prostitution étaient des fléaux à l’échelle de la société. Au début du 19ème siècle, l’analphabétisme était déplorable. Quatre-vingts pour cent des femmes étaient illettrées en Belgique ! Mère Placide avait 33 ans lorsque, le 5 mai 1804, elle se présenta à la porte de la jeune communauté religieuse de Lovendegem. Elle fut d’abord éconduite par les Sœurs pour le bon motif qu’elle ne pouvait pas filer. Mais plus tard, elle fut acceptée sur l’intervention du P. Triest lui-même qui voyait en elle une collaboratrice valable. La même année, elle fut élue supérieure de la communauté et, en 1807, supérieure générale de la Congrégation à Gand. Elle survécut à Triest huit ans. Pendant les 40 années de son administration, cette femme profondément spirituelle, d’une foi courageuse, avait, en collaboration avec le Père Triest, fondé au total 18 communautés religieuses afin d’aider les gens enfermés dans les situations décrites ci-dessus. Elle a également posé des bases solides pour ses 500 Sœurs, garantes du futur développement de la Congrégation. Sa mort le 28 septembre 1844 fut une grande perte pour la Congrégation.

Nous nous sentons honorées d’avoir eu pour fondateurs deux personnes aussi sensibles, compétentes, fidèles et proches de Dieu.